Avant de décrypter un film X, je voudrais te faire part de la réflexion suivante : que penser des bandes-annonces de films, notamment les films américains ? N’as-tu jamais remarqué que finalement la bande-annonce ressemblait à un résumé du film ? Sans parfois deviner l’épilogue du film, il était quand même possible d’avoir la sensation d’avoir déjà tout compris sans l’avoir vu. Personnellement, je déteste ce genre de bande-annonce.
Pourquoi est-ce que je te parle de cela ? Et bien, j’ai remarqué que dans le monde du film X, c’était la même chose finalement. Tout semble tellement normé et codifié qu’une scène de film X présente peu d’intérêt et finalement elles se ressemblent toutes. Je me propose de les décrypter pour toi. Attention, tu risques de ne plus jamais regarder un contenu de film X de la même façon ensuite. C’est assez surprenant de constater ce manque d’originalité.
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Le scénario d’un film X
Je ne vais pas ici parler du scénario. L’histoire anecdotique est souvent mal jouée par des comédiens professionnels du X qui ont bien du mal avec les répliques textuelles un peu longues. C’est encore pire lorsque les dialogues sont doublés. Non, je vais vous parler de la recette de fabrication d’un film X. Finalement, vous allez voir que le porno « dit » amateur reprend bien trop souvent cette même codification. C’est vraiment affligeant. La vie étant faite de diversité, il est vraiment dommage de n’avoir sans cesse qu’une production très similaire. Le fait que le X sert d’exemple éducatif fait un peu peur.
Rentrons donc dans le vif du sujet en décryptant le script de la conception d’un film X standard. Je vais principalement évoquer les relations X hétérosexuelles. C’est forcement un peu différent dès qu’on nous propose des relations homosexuelles. J’en parlerai peut-être dans une prochaine vidéo.
La fellation
Basiquement, on retrouve un homme et une femme. Je passe sur le scénario qui va faire arriver à la première séquence. Donc, dans la majorité des scènes, la femme va commencer à jouer avec le pénis du comédien et va pratiquer une fellation. Cette séquence dure assez longtemps en général, parfois jusqu’à 1/3 de la durée de la séquence sexuelle. Dans cette séquence, l’homme utilise la femme comme un objet en l’enfilant littéralement sur son sexe. Il dirige très souvent la tête de l’actrice et abuse de sa bouche. Certes, certaines actrices pratiquent la gorge profonde, mais c’est une pratique très difficile et pas forcément plaisante pour celui ou celle qui la réalise. Tu ne devras donc pas la réclamer à ton ou ta partenaire.
La pénétration
Après un temps plus ou moins long, l’acteur va généralement attraper l’actrice. J’oserai presque dire comme un simple bout de viande pour la position prête à la pénétration vaginale. Les positions, qu’il n’est généralement pas très utile de reproduire, sont faites pour être photogéniques et montrer la vulve de la femme à la caméra. Ces positions sont rarement prises pour le plaisir des acteurs. Elles s’enchainent alors… par devant, par-derrière, dessus, dessous. Très souvent, la femme est considérée comme une poupée de chiffon et doit suivre les injonctions de l’homme. Il ne faut bien sûr pas du tout suivre ces exemples.
La sodomie
Après la phase de pénétration vaginale, les acteurs passent à la pénétration anale. Bien souvent, l’insertion du pénis à travers l’anus se fait assez rapidement. Or si tu tentes cette pratique, surtout il faut y aller en douceur. Il est même recommandé de laisser la personne sodomisée gérer la pénétration afin que celle-ci se passe sans trop de déplaisir. Une étude publiée ici en 2015 indique que plus de 72 % des femmes ont des douleurs lors de ces pénétrations (et 15 % des hommes). Je reviendrai plus particulièrement sur la pratique de la sodomie dans une prochaine vidéo. Tout comme pour la pénétration vaginale, la partenaire va être installée dans diverses positions qui permettront à la caméra d’avoir une vue en plan serré sur l’anus de l’actrice.
On voit parfois l’acteur changer d’orifice. Attention, souvent une subtile coupure est mise en place par un changement de plan par exemple. L’organe est nettoyé entre les deux plans ou le préservatif est changé. Chez vous, surtout ne passez jamais de l’anus au vagin. Les bactéries anales sont très néfastes à la flore vaginale et vous risquez au mieux une vaginite peu agréable, sinon, cela peut aussi donner une cystite, dangereuse si elle n’est pas rapidement soignée. Et que ce soit avec ou sans préservatif si celui-ci n’est pas changé entre les deux pénétrations.
Le finish de l’homme
Une fois sa besogne terminée, l’homme le plus souvent va ressortir son sexe de sa partenaire, il va alors bien souvent le lui présenter pour une nouvelle fellation. Arrive alors une phase masturbatoire, car il faut montrer à la caméra l’éjaculation de l’homme. Dans l’inconscient collectif, cela signifie que la relation sexuelle est une réussite. L’homme va alors souvent éjaculer sur ou autour du visage de la partenaire, sur ces seins, parfois sur les fesses, mais c’est plus rare.
Je ne sais pas pour toi, mais pour ma part cette phase d’éjaculation ne m’a jamais réellement intéressé. Mais peut-être que cela excite certains hommes. Je ne sais pas. Je me pose la question, car il ne faut pas se le cacher, la majorité de la production X est réalisée pour une cible masculine. As-tu un avis sur ce point ? Un petit commentaire sera le bienvenu.
Voilà donc le déroulement typique d’une scène X dans un film X hétérosexuel. Et vous pouvez faire l’expérience par vous-même, c’est 90 % du temps cet enchainement précis. Mais quel manque radical d’imagination.
Représentation de l’homme et de la femme dans un film X
Après avoir vu le déroulement, nous allons nous intéresser à la représentation des acteurs et des actrices dans le X. Tu as surement dû le remarquer, acteurs et actrices ne sont pas du tout logés à la même enseigne. En effet, les actrices font la une des affiches et sont starisées, et les acteurs ont la palme du plaisir et de l’orgasme.
Revenons au film et à la scène d’action et décryptons là du point de vue des personnages dans la scène et commençons par l’actrice. Celle-ci est filmée dans son intégralité. Les parties les plus filmées sont : le visage, pendant la fellation. Ensuite viennent sa vulve, sous toutes les coutures, et ses fesses qui sont de plus en plus martyrisées. On peut noter une banalisation d’une certaine violence. Pour finir, les seins entrent en scène, parfois pour une cravate de notaire, mais souvent parce qu’ils remuent pendant que l’homme la bouscule par ses coups de reins répétés. Pour finir, on a droit bien souvent à des coupes au milieu des cuisses pour des plans allant soit jusqu’à la taille, soit au-dessus de la poitrine, soit avec la tête et le visage en plus.
As-tu en plus bien regardé le superbe jeu de l’actrice qui fixe, le plus souvent possible, l’objectif de la caméra ? Les plans se succèdent, pour voir du détail, des plans plus larges. Puis on passe sur les expressions faciales de l’actrice quand ceux-ci sont suffisamment bien joués.
En ce qui concerne l’acteur, dès que la scène de sexe débute, on ne voit plus que très rarement le visage de celui-ci, parfois lors de la fellation pour montrer son plaisir. Il arrive aussi qu’il embrasse la bouche ou les seins de l’actrice ce qui fait entrer son visage au moins partiellement dans le cadre. C’est aussi le cas lorsqu’un cunnilingus est pratiqué. Mais la star de la séquence est la verge de l’homme.
En effet, Mr le pénis est mis fortement en valeur lors de la phase de fellation. C’est lui LA star. Ensuite lors des pénétrations, il est présent par son action, c’est lui qui « travaille », et pour finir, lors de la phase éjaculatoire, c’est son sacrement, qu’il partage bien souvent avec le visage de l’actrice. Ainsi, les réalisateurs mettent, sur le même pied d’égalité, le sexe de l’homme et le visage de la femme. De l’acteur on ne retiendra finalement que ses mains, et principalement son sexe en érection. Car oui, bien souvent la scène débute avec un acteur en pleine possession de ses moyens, on va y revenir.
Le plaisir dans les films X
Simulation
Quelle est la part de plaisir que ressentent vraiment les acteurs par rapport à la part de simulation ? Il est vrai que l’on est largement en droit de se poser la question, lorsqu’on entend geindre l’actrice en pleine fellation. Certes, cela peut lui procurer un certain plaisir, mais c’est plutôt à l’acteur que cela devrait faire un grand plaisir. On peut donc considérer qu’à ce moment-là c’est plutôt de la simulation.
Lorsqu’il y a dans le script un cunnilingus prévu, il est fort probable que l’actrice prenne alors vraiment du plaisir. Mais généralement, ce plaisir ne va jamais jusqu’à l’orgasme.
Que dire des phases de pénétration ? C’est tout autant de la simulation que du plaisir pour l’actrice. Il faut toujours se rappeler que c’est avant tout du cinéma et que c’est le résultat à travers la caméra qui compte et non pas le plaisir réel des acteurs et actrices. C’est donc bien trop souvent surjoué.
Le seul à être certain d’avoir un orgasme est donc l’acteur lors de la phase d’éjaculation. Qu’il y prenne réellement un grand plaisir, c’est autre chose.
Humiliation
Je trouve que le X suit l’ambiance actuelle d’un regain de misogynie et de brutalisations de la femme dans les films. Ainsi, il y a de plus en plus d’utilisation de mots très crus, l’utilisation très systématique de claques sur le postérieur des actrices bien souvent, mais pas seulement. On trouve aussi une pratique que sont les crachats de plus en plus nombreux qui ne semblaient pas présents il y a quelques années, mais que l’on retrouve assez souvent dans les films aujourd’hui. Pour finir, un langage très cru et avilissant est de plus en plus employé, à la limite il est normalisé dans les films. Tout cela dessert les femmes, les rabaisse à des objets sexuels au service des hommes.
C’est toujours à qui en fera le plus, et ira plus loin et plus fort dans ce milieu.
Après avoir dressé ce portrait peu reluisant, tu pourrais te dire que ce n’est pas si grave puisque cela reste des « films ». En effet, cela pourrait ne pas être si grave si… l’industrie du X n’était pas prise comme modèle par des jeunes qui font leur éducation avec ce qu’ils trouvent sur le net. Ce sont aussi des modèles par une multitude d’hommes qui consomment de la pornographie. Il faut donc faire très attention à ne pas tomber dans les travers de ces films. Ne jamais oublier que ta ou ton partenaire doit toujours être consentant/e à toute pratique. Pour cela, il faut absolument dialoguer et communiquer. Jamais tu ne t’autoriseras quelques pratiques que ce soit sans avoir l’aval de ta ou ton partenaire.
Maintenant que tu as les clés de réalisation de cette industrie, j’espère que celle-ci te paraîtra un peu plus fade. Bien sûr, il existe des productions plus intéressantes, avec des réalisateurs et plus souvent des réalisatrices qui innovent, dont les scènes sont moins stéréotypées. Espérons donc que cela évoluera vraiment dans le bon sens.
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Hey ! Et dire que j’ai failli passer à côté de cet article ! Superbe décryptage. 👌
Merci Lola