Cette semaine, je vous propose de découvrir un artisan qui confectionne des sextoys en bois. J’ai très envie de vous en parler, car son travail fait écho à mes valeurs environnementales et sociétales. En effet, il fabrique tout ce qu’il vend. C’est donc de la production locale et française. Il utilise des matériaux nobles et durables. Ses sextoys en bois sont des jouets que l’on peut garder toute une vie. Pour les confectionner, il emploie des procédés qui respectent au mieux la nature.
Je t’invite vivement à découvrir son travail en cliquant ici, une surprise t’y attend.
Je n’ai vraiment pas pour habitude de me transformer en pancarte publicitaire pour diverses marques plus ou moins respectueuses comme plusieurs personnes sur Youtube ou Instagram. Cependant, au vu de sa production de jouets en bois unique et intemporelle, j’ai décidé de le mettre en avant sur le site. Mais maintenant, place à l’interview de Barthélemy, le créateur d’œuvres d’art sexuelles.
Pour regarder cette interview sur YouTube, clique ci-dessous.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, peux-tu te présenter brièvement ?
Bien sûr. Je m’appelle Barthélemy, et je sculpte des chibres.
Bon, je vais faire un peu moins bref.
Je suis un gars de la campagne. Je n’ai pas fait d’études, et j’ai commencé dans la vie en tant qu’ouvrier agricole.
J’ai successivement été maraîcher, illustrateur puis sculpteur, en passant par un tas de boulots plus ou moins ingrats, comme déménageur ou ouvrier en usine.
Et aujourd’hui, je viens de fonder mon entreprise, Holy Mountain.
Peux-tu brièvement présenter ton entreprise Holy Mountain ?
Holy Mountain est une marque de sextoys en bois sculptés à la main, et dont 100 % des matériaux sont d’origine naturelle. Le concept de la marque est simple : chaque sextoy est une pièce unique.
L’idée est de proposer une alternative à l’industrie de masse qui, par nature, tend à uniformiser ses produits pour toucher le plus grand nombre de consommateurs.
Je défends un retour à l’artisanat, et un mode de production plus humain.
L’inconvénient c’est que les stocks sont limités. L’avantage, c’est que je peux vraiment m’adapter à mes clientes en proposant une gamme de jouets très variée pour s’adapter aux différentes morphologies. Je propose même de créer des sextoys sur mesure.
Tu produis donc des jouets sexuels en bois. Tu aurais aussi pu faire de l’ébénisterie d’art, j’imagine, alors qu’est-ce qui t’a motivé pour lancer type de production ?
Comme je le disais plus haut, j’ai commencé dans la vie en travaillant dans les champs. Avec mon oncle, nous avions une petite exploitation de maraîchage biologique, sur laquelle j’ai travaillé des années. C’est un travail difficile, mais il y a une grande satisfaction à répondre à un besoin fondamental, et à le faire bien.
J’ai commencé la sculpture en faisant des bijoux. Je fais toujours des bijoux, d’ailleurs. Mais j’avais envie de retourner à quelque chose de plus essentiel. Dans la pyramide de Maslow, le sexe, au même titre que la nourriture, est un besoin primaire.
C’est ce désir de me consacrer aux aspects importants de la vie qui m’a poussé dans cette voie. J’essaie, à ma petite échelle, de rendre un peu de noblesse à la sexualité.
Peux-tu nous décrire ton processus de fabrication, depuis l’idée jusqu’à la pièce finale prête à être vendue ?
D’abord, il faut trouver le bois. Comme j’habite au fin fond de l’Auvergne, ce n’est pas bien compliqué. J’ai des amis et plusieurs connaissances qui savent que je sculpte. Quand un arbre est abattu, je récupère les plus beaux morceaux. Pour les bois précieux, qui sont souvent des bois exotiques, je les achète directement auprès de fournisseurs spécialisés.
Une fois la pièce de bois dans l’atelier, je dessine le sextoy, en essayant de m’adapter au mieux aux nœuds du bois, à son fil et à ses défauts. C’est à ce moment-là, sur papier, que je conçois les éventuelles ornementations.
Je dégrossis ensuite la pièce avec une tronçonneuse, une meuleuse puis une râpe, et une fois la forme générale obtenue, il est temps de stabiliser le bois.
Je ne m’occupe pas de la stabilisation, mais en gros, voici comment ça se passe : le morceau de bois est immergé dans du jus de cactus, et avec une pompe à vide, on force l’air à en sortir. Quand le jus de cactus a imprégné le bois jusqu’au cœur, ce qui peut prendre plusieurs jours, on sort la pièce et on la fait chauffer dans un four. À la cuisson, le jus de cactus durcit, jusqu’à devenir aussi dur que le bois. On est alors certain que le bois ne se déformera plus.
Après ça, je termine la sculpture jusque dans les détails. J’utilise plusieurs outils. Couteau, ciseaux, Dremel, papier de verre… Je fais les incrustations, qui sont souvent une partie délicate, avant de polir le tout au touret.
Le vernis que j’utilise est naturel, mais il est long à appliquer. Il faut appliquer un nombre incalculable de couches très fines, et laisser sécher entre chaque. J’ai en permanence une rangée de bites qui sèchent sur mon bureau, et je trouve ça très classe.
Comment as-tu sélectionné les vernis que tu utilises en finition pour qu’ils ne présentent aucun danger ?
C’était important pour moi de trouver une alternative au polypropylène, qui est le vernis le plus souvent utilisé sur ce genre de jouets en bois. Je n’ai pas pris de risque et j’ai sélectionné la gomme laque décirée, qui est un vernis, mais aussi un additif alimentaire.
C’est une sécrétion de la cochenille qui est utilisée depuis des siècles pour vernir le bois, et qui est aujourd’hui utilisée dans l’industrie alimentaire, pour fabriquer des bonbons ou faire briller les pommes, par exemple. L’industrie pharmaceutique l’utilise aussi dans certaines pilules.
J’achète la gomme laque pure, et je fais mon vernis moi-même, avec un alcool alimentaire quasi pur, qui s’évapore au séchage et ne laisse aucun résidu nocif.
Y a-t-il des essences d’arbre ou des formes que tu affectionnes plus que d’autres ?
Non, pas vraiment. Déjà parce que toutes les essences de bois que j’utilise sont très agréables à travailler. Et ensuite, parce que je prends surtout plaisir à découvrir et à créer de nouvelles choses.
Bien sûr, certains bois sont vraiment exceptionnels, comme le bloodwood, aussi appelé satiné-rubané, qui est un bois très dense et qui, une fois poli, présente des reflets absolument incroyables. Mais au final, ce qui compte, c’est le processus créatif. C’est le fait d’imaginer de nouvelles formes, de nouveaux motifs, et de travailler à leur donner vie. C’est ça que j’affectionne plus que tout.
Tes productions phalliques sont très réalistes, à partir de quoi travailles-tu pour obtenir un tel niveau de réalisme ?
Le sexe masculin est probablement la chose la plus simple à sculpter pour un mec, et peut-être même pour une femme. On a tous passé nos années de collège à dessiner des bites partout, sur nos copies, sur les tables, sur les murs, sur nos camarades… c’est peut-être pour ça que j’ai foiré ma scolarité, d’ailleurs.
Donne un morceau de pâte à modeler à un homme, et il est fort probable qu’il te rende un phallus plutôt réaliste, alors qu’il serait incapable de modeler un visage ou les courbes d’un dos.
Quand je dessine ou quand je sculpte des bijoux, je me documente beaucoup. J’utilise internet, mais j’ai aussi des étagères pleines de bouquins sur les animaux, l’architecture, l’anatomie ou l’archéologie, et je fais souvent mille croquis préparatoires.
Mais sculpter un chibre, je pourrais faire ça les yeux fermés.
Tes productions sont, j’imagine, aussi bien pensées pour un usage féminin que masculin ? Y a-t-il de subtiles nuances ? Comment s’y retrouver ?
Bien entendu, mes sextoys peuvent aussi être utilisés par les hommes. Les sextoys que tu peux voir sur la boutique ont tous des dimensions et des proportions différentes. C’est à chacun de trouver celui qui lui correspond en fonction de sa morphologie et de l’usage qu’il compte en faire.
J’ai vu sur le site qu’il proposait à tes clients/clientes de pouvoir réaliser des pièces sur-mesure. Comment cela se passe-t-il concrètement ?
C’est très simple : tu me décris le sextoy de tes rêves, avec les dimensions, la forme, l’essence de bois, et moi je te fais un devis. Si le projet est un peu complexe, par exemple si je dois sculpter des ornementations ou des formes particulières, je t’envoie des dessins, que tu valides ou que je modifie jusqu’à ce que le projet corresponde parfaitement à ce que tu cherches.
Une fois que tu as validé le projet, je le sculpte et je te l’envoie.
Accepterais-tu des demandes pour des objets plus simples ou moins réalistes ?
Bien sûr, je suis prêt à accéder à toutes les demandes, même les plus excentriques !
Comme je l’ai dit tout à l’heure, j’aime créer des formes nouvelles.
Quels sont aujourd’hui tes clients/clientes ?
Paradoxalement, les clientes avec qui j’ai parlé pour l’instant ne sont pas particulièrement des fans de sextoys. Ce sont des femmes qui aiment l’artisanat et accordent de l’importance aux beaux objets, et qui ont eu un coup de cœur pour l’une de mes créations.
Ce sont des personnes qui, comme moi, préfèrent mettre le prix dans un objet de qualité plutôt que d’en acheter un par an à moindre coût, qu’il s’agisse d’un meuble, d’un vêtement, ou de n’importe quoi.
Comment penses-tu que ta gamme puisse évoluer dans les mois ou années à venir ?
Déjà, je vais acheter un tour à bois. Ça me permettra non seulement de faire des plugs, mais aussi de créer une ligne de jouets plus basiques, et plus accessibles financièrement. Par ailleurs, je suis certain qu’on peut créer des designs incroyables avec un tour. Quand je vivais en Vendée, je connaissais un vieux monsieur qui faisait des sculptures très élégantes avec un simple tour à bois.
J’ai aussi l’intention de me lâcher un peu plus sur les modèles haut de gamme. Le modèle Hermès n’est qu’un aperçu des folies que j’ai en tête. Je peux aller beaucoup plus loin. Quand on y réfléchit, c’est complètement irrationnel, un sextoy n’a pas besoin d’ailes. Je l’ai fait parce que je pouvais, juste pour le plaisir de faire mieux. Mais après tout, n’est-ce pas là l’essence de l’art ?
Quels arguments pourrais-tu donner à un(e) client(e) qui pourrait trouver tes produits trop chers ?
C’est vrai, mes jouets sont chers, et j’ai bien conscience que tout le monde ne peut pas se les offrir. C’est le prix des heures passées à travailler. Je fais tout ce que je peux pour accélérer le processus de fabrication, et ainsi faire baisser les prix, mais il faut se rendre à l’évidence : je ne serai jamais compétitif face à des Chinois qui travaillent à la chaîne.
Évidemment, je sais que ça me prive de la majeure partie du marché, mais ce n’est pas grave. Je ne cherche pas à plaire au plus grand nombre. Je m’adresse à des gens qui sont sensibles à ma démarche, et qui partagent avec moi l’amour du travail à l’ancienne et des matières nobles. Bien sûr, je sais qu’ils sont rares, mais de toute façon, je n’ai pas le temps de sculpter des jouets pour tout le monde !
Peux-tu nous parler des garanties de tes produits ?
Le processus de stabilisation du bois le rend insensible aux variations d’hygrométrie. Une fois stabilisé, il ne pourra plus se déformer, se voiler ou fendre. J’accorde un soin particulier aux incrustations et au vernis, afin qu’ils soient les plus robustes possibles.
Si jamais il y a le moindre problème, par exemple si une incrustation prend du jeu, c’est que j’ai mal fait mon boulot. Dans ce cas, je répare le sextoy, je l’échange ou je le rembourse, c’est normal.
Mais je te rassure, cela n’est encore jamais arrivé !
Bon, après, si tu le nettoies à la paille de fer ou que tu t’en sers comme d’une batte de baseball, ça sera de ta faute s’il est abîmé. C’est une garantie très classique, en fait.
J’imagine que pour toi le plaisir est important, tout autant dans ta vie professionnelle que dans ta vie privée ?
J’imagine que tu veux parler du plaisir en général, et pas seulement du plaisir sexuel.
Bien sûr, le plaisir est important. L’être humain, comme tous les animaux, est programmé pour chercher le plaisir. Mais j’accorde assez peu d’importance au plaisir immédiat.
En vérité, je me traite assez durement. Je me lève très tôt, même le dimanche, j’ai des journées très cadrées, je travaille beaucoup, j’essaie d’apprendre de nouvelles choses tous les jours, je fais beaucoup de sport…
Au final, rien ne m’apporte plus de satisfaction que de voir le travail accompli après une rude journée, ou la sensation d’avoir acquis une nouvelle compétence. Ce plaisir-là est mille fois supérieur à celui que pourrait me procurer une grasse matinée, ou le fait de manger des sucreries.
Comment réagissent (ou ont réagi) les personnes qui t’entourent quand tu leur expliques ce que tu sculptes ?
En général, ça les fait marrer. Ma mère est fière que j’aie enfin trouvé un vrai métier.
Comment imagines-tu ta vie dans 5 ans ?
Dans un hélicoptère, avec une Rolex et un costar en tweed !
Non, plus sérieusement, j’aimerais déjà développer suffisamment l’entreprise pour pouvoir déléguer la partie informatique. Je déteste l’informatique. Je tape encore avec deux doigts, et faire fonctionner une imprimante relève pour moi de la sorcellerie.
Pourtant j’ai fait tout le site tout seul, et j’ai dû apprendre sur le tas. Ça a été long et laborieux, et j’ai bien failli casser l’ordinateur à plusieurs reprises. Mais maintenant, tout fonctionne.
À part ça, j’aimerais avoir des enfants et prendre des cours de piano.
T’exprimes-tu plus facilement à travers tes mains sur le plan sexuel en façonnant ces godemichés ou bien en parles-tu aussi très librement avec tes partenaires ?
Tu sais, je suis un pur autodidacte. J’ai appris à dessiner et à sculpter tout seul, entre autres, et je continue d’apprendre tous les jours. Et puis, j’ai beaucoup de défauts, mais j’ai cette qualité, commune à tous les autodidactes, qui est d’être très curieux, et ce dans tous les domaines.
J’ai toujours aimé comprendre comment fonctionnait le corps de mes compagnes, et apprendre comment leur donner du plaisir, jusqu’à être capable de jouer de leur corps comme on joue de la guitare.
Cet apprentissage passe par les jeux sexuels, mais aussi par le dialogue. Aussi j’en ai toujours parlé librement, et sans tabou. Je pense que c’est nécessaire pour évoluer.
En parles-tu facilement ?
Oui, je ne suis pas prude et je n’aime pas le puritanisme.
La culture française n’est d’ailleurs pas puritaine. Il y a certes eu une vague de puritanisme au XIXe siècle, et encore, surtout en apparence, mais le reste de notre histoire montre que nous sommes un peuple assez déluré. Depuis les fêtes des anciens Celtes en l’honneur de la sexualité jusqu’aux libertins de la cour du Roi-Soleil, en passant par les innombrables chansons et comptes grivois que nous a livré le moyen-âge, où il est question de galants volages et de maris cocus.
Étant moi-même issu de la France profonde, j’ai hérité de cet esprit gaulois et décomplexé. En revanche, je n’éprouve pas le besoin de brandir ma sexualité comme un étendard ni d’en parler à outrance. Je suis juste en paix avec cette part de ma vie.
Depuis que tu as commencé la sculpture de jouets sexuels, cela a-t-il changé ta vie sexuelle ?
Absolument pas. Déjà parce que, comme dit précédemment, j’ai toujours eu une vie sexuelle épanouissante, mais surtout parce que je vois ça comme quelque chose de purement professionnel. Quand je travaille, je cherche juste à faire un bel objet et à bien le faire. Que je sculpte un sextoy, un bijou ou que je bâtisse un mur en pierre sèche ne change pas grand-chose.
As-tu quelque chose à ajouter qu’il te parait important de mentionner ?
Oui, merci beaucoup pour cette interview, j’ai trouvé tes questions intéressantes, et j’ai aimé échanger avec toi.
Et quant à toi, lecteur ou lectrice, merci de m’avoir lu jusque là. Viens jeter un œil au site et à mon travail, et n’hésite surtout pas à me donner ton avis. Je cherche toujours à m’améliorer, et même si tu n’as jamais acheté de sextoy Holy Mountain, ton point de vue m’intéresse, et je le prendrai en compte.
Pour avoir tenu en main une des créations de Barthélemy, je peux t’assurer que c’est une sensation très plaisante. Le bois est un matériau très agréable à toucher, et la finition est vraiment extraordinaire. On est véritablement très loin des sextoys en vulgaires plastiques que l’on retrouve dans les commerces traditionnels. Ce sera bien sûr un très beau cadeau à s’offrir pour soi ou pour son couple.
Pour conclure, nous allons lancer en partenariat Holy Mountain et Harmonie des corps, un concours dans les prochains jours. Les lots proposés pour ce concours seront vraiment exceptionnels. Pour ne pas manquer l’annonce de celui-ci, je t’invite à t’abonner à la newsletter.
Podcast: Download (Duration: 15:41 — 7.2MB)
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Hello ! Comme quoi je ne suis pas seule à collectionner les sextoys !
Il ne les collectionne pas, il les fabrique pour les collectionneuses 🤣