Assiste-t-on à un retour en force du poil ? En effet, il semble se montrer un peu plus après quelques années où il a été totalement chassé, arraché, rasé ou lasérisé des corps. Mais toi ? As-tu cédé à la mode ou à la pression sociale ? As-tu malmené tes poils pour montrer tes opinions ou au contraire par soumission ? Tu l’auras compris, à la fin de cet article tu sauras pourquoi tes poils sont tels qu’ils sont (ou pas). Voyons maintenant si tu as succombé à quelques diktats sur ta pilosité par une pression, identitaire, sociale, ou à cause de courant de mode aussi utile que passager.
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Plus qu’un effet de mode, un signe identitaire
L’identité sociale
Tu ne t’en rends peut-être pas immédiatement compte, mais les poils qui regroupent les cheveux, les sourcils ou la barbe sont des marqueurs forts du rôle social que tu te donnes dans la vie. C’est aussi vrai pour le regard des autres, qui vont te juger en conséquence.
Ainsi, le poil est tout d’abord le marqueur d’un passage de l’âge d’enfant à celui d’adulte. Ainsi, la barbe chez les hommes, les poils sous les aisselles et dans la zone pubienne chez les deux sexes montrent que tu es devenue pleinement adulte. Or, si tu occis certains de tes poils, c’est que peut-être tu n’as pas toujours voulu grandir et que tu as voulu garder quelque chose de ton corps d’enfant. Attention, je ne dis pas que c’est pour cela que tu te rases la barbe ou le sexe, il peut y avoir bien d’autres raisons, mais c’est une possibilité qu’il faut étudier.
De la même façon si dans ta jeunesse tu t’es teint les cheveux dans des couleurs criardes, n’était-ce pas pour marquer tes engagements idéologiques ? J’ai en mémoire les mouvements punks et skin heads qui étaient totalement opposés idéologiquement. Leur chevelure était également cette image d’opposition avec de longues crêtes colorées pour les premiers et un crâne totalement rasé pour les seconds. Mais d’ailleurs, peut-être que tu continues toujours à te teindre les cheveux pour marquer ta différence.
L’identité sexuelle
Ensuite, si tu es un homme à cheveux courts ou une femme à cheveux longs, alors, tu te plies ainsi aux règles qui définissent les genres dans notre société occidentale actuelle. Je précise actuelle, car cela évolue dans le temps. Ainsi, dans les années 1920, certaines femmes arboraient les coupes « à la garçonne », et dans les années 1970 les hommes possédaient de longues tignasses laissées au naturel, un peu trop peut-être.
Si tu mets des objets dans ta chevelure, c’est que tu es presque à coup sûr une femme. C’est encore un acte pesant sur le genre.
Tu peux de la même façon revendiquer l’identité sexuelle que tu as ou que tu aimerais avoir en te différenciant par tes poils. Si tu n’es pas hétérosexuel(le) tu peux avoir fortement envie de changer la couleur ou longueur de tes cheveux. Tu peux aussi vouloir porter la barbe ou la moustache. C’était très en vogue dans les milieux gais des années 80, etc.
C’est une façon de te retrouver dans un ensemble avec un symbole commun, comme lorsque l’on se rassemblait sous la bannière d’un seigneur avant de livrer bataille.
La mode va-t-elle vers un retour du poil ?
Que tu aies ou non, conscience de tes choix capillaires, ceux-ci sont fortement influencés par la mode et les médias omniprésents.
Bon ! bien sûr, tu es en train de te dire : « OK ! la mode c’est les cheveux, ce n’est pas si important que cela ». Et bien, ce n’est pas que cela. As-tu déjà modifié la structure de tes sourcils ? Si la réponse est oui, alors tu as subi la mode qui a débuté dans les années 90 jusqu’au paroxysme des années 2000. Il était alors chic de s’épiler intégralement le dessus des yeux pour les remplacer par un coup de crayon aux contours parfaits. Sauf que les sourcils donnent du caractère à un visage. Croiser des visages de poupées de cire n’était vraiment pas attirant. Fort heureusement depuis quelques années, il y a un retour de mannequins avec des sourcils un peu plus fournis sur les podiums.
Depuis toujours, la mode oscille entre des coupes longues et courtes. Depuis un moment, je cible les femmes. Mais c’est vrai d’ailleurs aussi bien chez les hommes avec les barbes, moustaches et favoris. On n’a jamais vu autant de barbus dans les rues de nos jours que depuis de la fin du XIXe siècle.
Toi aussi tu es tiraillé par les diktats que l’on tente de t’imposer. Les poils doivent être traqués pour être éliminés. Le corps doit être glabre, sous peine d’être détestable. Ainsi il est nécessaire de s’épiler les jambes et les dessous de bras dès qu’ils peuvent apparaitre en public.
Les publicités nous montrent des torses masculins lisses comme des œufs pour nous vanter un parfum.
Il y a d’ailleurs derrière tout cela une société consumériste qui pousse les individus à succomber à ses codes pour consommer du rasoir, de la crème, des systèmes d’épilation, etc. As-tu déjà fait le compte de ce que te coûte l’entretien de tous tes poils sur une année ? Je t’invite à faire le calcul, tu seras certainement surpris(e). Cela t’incitera à envisager peut-être un retour du poil sur ton corps.
Le sport et la guerre du poil
Bon, là tu te dis, « Moi je m’en moque de la mode, je ne suis aucun commandement, je m’occupe moi-même de mes cheveux donc je ne suis pas le mouton que tu prétends » . Peut-être, mais fais-tu alors du sport ?
En effet, dans les milieux sportifs, le poil n’a souvent pas sa place. Dans le cyclisme, les jambes des coureurs sont systématiquement rasées, tout comme dans le foot, le rugby, etc. Cette épilation est surtout pratique, car ces athlètes sont souvent soumis à des massages. Les poils sont ainsi déclarés gênants.
Certains sports sont encore plus exigeants comme la natation, la boxe ou la musculation par exemple. Il faut que le corps soit lisse, aussi bien pour un côté pratique que pour la nécessité de montrer des muscles saillants et brillants sous les feux des flashes des appareils photo.
Même si tu n’es pourtant pas sportif de haut niveau, bien souvent tu vas par mimétisme te soumettre à ce traitement en faisant disparaitre certaines parties de ta pilosité.
Le sport et sa médiatisation ont donc fortement contribué à la mise au ban de la société des poils sur une grande partie du corps.
L’effet de la pornographie
Tu as dû le remarquer, j’ai déjà bien avancé sur le sujet et je n’ai pas encore fait mention des poils pubiens. Tu penses bien, c’est le moment d’en parler. J’ai plusieurs fois abordé le X dans des articles, je te mets les liens ici et là.
J’exclus ici les rites liés à certaines religions, par exemple, chez les musulmans, les femmes s’épilent souvent intégralement le sexe.
Cependant en France, jusque dans les années 70, hommes et femmes gardaient leur pilosité pubienne quasiment intacte. Je dis bien quasiment, car il était admis de couper le foin qui dépassait de la charrette. En d’autres termes, il était de bon ton de ne rien voir dépasser de la culotte.
Or dès le début des années 80, avec montée très forte de l’industrie pornographique, le glas a sonné pour le poil. Sous prétexte qu’il fallait en donner à voir à un spectateur avide, les actrices et certains acteurs se sont épilés de plus en plus.
Au départ, seuls les lèvres chez les femmes, et les testicules du côté hommes étaient expurgés de leur pilosité. Puis la toison pubienne s’est rétrécie vers le maillot brésilien, puis le ticket de métro, jusqu’à disparaitre totalement. Chez les hommes, cela remonte aussi sur le torse, le dos et le SIF (Sillon InterFessier).
Cette mode du tout lisse en vogue aujourd’hui est telle que beaucoup de jeunes filles de 20 ans s’épilent entièrement le sexe. En effet, elles n’ont toujours vu que cela tout autour d’elles. Elles ne trouvent pas leur corps esthétique quand il est pourvu de cette toison pourtant naturelle. Si tu te contentes de regarder la production pornographique sur internet des vingt dernières années, tu étais en droit de te demander si tu étais normal(e) avec tous ces poils qui poussent partout.
Aujourd’hui tu peux constater un retour du poil pubiens chez les actrices, même si cela reste encore timide. Et toi, as-tu déjà succombé aux diktats des productions X ? T’es-tu posé la question de pourquoi tu faisais cela ?
Le libre arbitre
Les mouvements féministes
Heureusement depuis une vingtaine d’années, ces questions ont été posées par des mouvements féministes de plus en plus médiatisés. Le combat n’est plus de supprimer le poil, mais plutôt de laisser la pilosité naturelle s’exprimer.
Que ce soit la pilosité des dessous de bras, des jambes ou du sexe, la question est aujourd’hui posée : pourquoi vouloir les supprimer si ce n’est pour répondre à une domination de la société et des hommes ?
C’est donc avec le poil qu’un combat idéologique et politique se met en place. Petit à petit, et malgré le martèlement médiatique de l’industrie du sans-poil, celui-ci repousse sur les corps et ose se montrer au grand jour. Vas-tu assister à un retour triomphal du poil ?
Bien sûr, les mouvements féministes ne se limitent pas à un avis sur le poil. Il est facile de comprendre que depuis toujours il a été un élément déterminant d’appartenance, mais aussi de soumission à des idéologies. C’est donc un combat nécessaire à mener pour que l’objectif global puisse être atteint.
Ne jamais imposer, mais pouvoir proposer
Est-ce que ces mouvements féministes te font réfléchir sur ton propre corps et ton rapport au poil ? Ton corps t’appartient que tu sois une femme ou un homme d’ailleurs. Tu dois donc le traiter avec respect, car c’est lui qui va t’accompagner jusqu’à la fin de tes jours.
Concernant la pilosité, c’est évidemment un choix qui doit rester personnel. Si tu as envie d’avoir les cheveux longs, ou bien de la barbe ou encore si tu aimes tes poils sur les jambes ou entre tes cuisses, alors prends-en soin ! Tu ne dois pas te sentir coupable de ne pas suivre comme un mouton ce que la mode et le regard des autres voudraient t’imposer.
De la même façon, si ton ou ta partenaire te demande de faire disparaitre certains poils qu’il ou elle trouve disgracieux, il ne faut le faire que suivant ta propre conscience et tes envies. Si tu n’es pas d’accord, tu n’as pas à te plier à cette injonction. Ton ou ta partenaire doit t’aimer dans ton intégralité. Tu es né(e) avec un système pileux, si tu souhaites le conserver intact, partiellement intact ou le faire disparaitre c’est ton choix et seulement le tien.
L’esthétique du poil — un retour gagnant
Ce retour en grâce du poil n’est pas anodin. Il correspond à un changement de mentalité dans la société en général dans cette deuxième décennie du XXIe siècle. Tu dois prendre conscience que ce phénomène qui consiste à suivre aveuglément est en passe d’être révolu.
Je peux même avancer que certains poils ont de gros avantages. Par exemple, la barbe est à la mode actuellement. Elle donne une autre image à ton visage en masquant ou allongeant celui-ci.
Concernant les poils pubiens, ils ont aussi l’avantage, surtout chez les femmes, de rendre le sexe encore plus mystérieux. Ainsi, ton ou ta partenaire devra faire preuve de patience pour petit à petit découvrir ton intimité. À l’opposé, un sexe totalement épilé n’a plus de secrets après 5 secondes d’exposition. C’est donc un point positif à prendre en considération.
Tu en sais maintenant un peu plus ces phénomènes de modes qui t’invitent à garder ou à supprimer tes poils. Je me pose toutefois la question quant à ceux et celles qui se sont fait épiler définitivement au laser ou à la lumière pulsée. Comment vont-ils ou vont-elles gérer à l’avenir ce retour en grâce du poil ? Si tu as un avis, je te propose de le laisser dans les commentaires qu’on en discute.
Si tu te demandes si nos poils servent encore à quelque chose, je te propose la lecture de cet article en complément de celui-ci.
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Faire ses propres choix est toujours la meilleure des solutions. Mais j’ai bien l’impression qu’au niveau ‘poil’, la pression sociale reste forte. 🙂
En effet, la peur de décevoir, la peur d’être exclu(e) du clan, la peur de ne pas être comme tout le monde font que beaucoup succombent sans vraiment agir en conscience avec soi-même.