“Je suis libertine !” – Interview de Laurence une pratiquante du libertinage

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Charlotte May - Pexels

N’ayant jamais approché les milieux libertins, je me suis dit que la meilleure façon d’en parler était de questionner une personne adepte de cette philosophe de vie aussi bien sur le plan sentimental que sexuel. J’ai donc échangé avec Laurence, une adepte depuis quelques années du monde libertin. J’invite donc ceux et celles qui voudraient découvrir une partie de ce monde à suivre cette interview.

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Je rappelle tout de même qu’ici, ce ne sont que les pratiques et les avis de Laurence. Ils ne sauraient pas nécessairement représenter l’ensemble des adeptes du libertinage. D’ailleurs, il y a surement autant de libertins différents qu’il y a de pratiquants.

Alors Laurence, peux-tu te présenter aux lecteurs de cet article ?

Bonjour, je suis une femme de 52 ans, j’ai deux enfants de 23 et 20 ans, divorcée depuis 15 ans. Je n’ai pas eu de vie commune depuis mon divorce. Des histoires, des rencontres, mais chacun chez soi.

En 15 ans, tu as dû fortement t’habituer à avoir ton autonomie.

Que fais-tu dans la vie ?

Je suis assistante de direction dans un grand groupe pharmaceutique.

génétique

Et dans quelle région vis-tu ?

En Rhône-Alpes

À quel âge as-tu fait ton baptême avec la sexualité ?

 Ma première fois à 19 ans, et oui plus tard que la moyenne !! 😉

En réalité, il n’y a pas d’âge idéal pour sa première fois, il faut se l’autoriser lorsque l’on se sent prêt ou prête et que les conditions idéales sont remplies.

On n’a qu’une toute première fois, autant qu’elle se passe dans les meilleures conditions.

Quel est ton idéal du couple aujourd’hui ?

C’est difficile de répondre de façon catégorique à cette question. Je pense qu’idéalement vivre chacun chez soi, avoir des moments de partages quand on le souhaite, mais éviter le quotidien est mon souhait.

Comment as-tu découvert que tu voulais orienter ta vie sentimentale et sexuelle vers le libertinage ?

Exhibition de Laurence - Buste féminin avec les seins cachés par les mains
Laurence

Rien n’est définitif !

Et je distingue ma vie sentimentale de ma vie sexuelle. J’ai un amoureux et un seul, j’ai une vie sexuelle partagée avec plusieurs partenaires.

J’ai eu ma première expérience HHF (homme, homme, femme) à 23 ans. Puis une pause jusqu’à mes 48 ans. Plus que libertine je pense être une femme à la sexualité libérée.

C’était donc en 2019, en plein Covid. Je m’inscris sur le site Tinder, et retrouve une ancienne connaissance. Nous échangeons longuement par messages ou au téléphone et je tombe amoureuse de lui. J’ai compris au fil de nos conversations qu’il était libertin. Malgré mes inquiétudes, j’ai eu le désir d’en savoir un peu plus. Pour me rassurer surement et pour comprendre ce qu’était le libertinage. J’ai beaucoup lu sur des sites internet de témoignages. Cela a mis en évidence la grande disparité des pratiques libertines, et surtout que les reportages « crashes » présentés à la télévision n’étaient au final qu’une infirme partie de cet univers-là.

S’il fallait ne se fier qu’à la télévision, nous deviendrions bien bêtes en effet.

Qu’est-ce qui t’a poussé à te lancer dans cette façon de vivre ?

Comme je te le disais précédemment, en ce moment c’est ma façon d’aborder ma sexualité, mais je peux tout autant n’être que dans une relation exclusive, tout dépend de mes envies et des souhaits de mon partenaire.

Et pour répondre plus précisément à ta question, la rencontre avec ce libertin, l’envie de découvrir et de partager cela également avec lui, et la curiosité tout simplement.

C’est bien souvent la curiosité et l’envie de découvrir de nouvelles pratiques qui nous poussent à sortir du conformisme.

En parles-tu facilement avec les personnes autour de toi ou bien est-ce que cela reste ton jardin secret ?

Je n’en parle qu’à un cercle très limité. Même mes amis proches ne sont pas forcément au courant de ma façon d’aborder ma sexualité. Cela reste un sujet tabou et surement dérangeant. Les femmes peuvent avoir peur que je puisse avoir un quelconque projet pour leur conjoint par exemple, déjà qu’une femme célibataire fait peur, imagine une libertine !!!

C’est vrai que je n’avais pas envisagé cela sous cet aspect.

Peux-tu nous décrire de quelle façon tu vois le libertinage par rapport à ta pratique ?

La base de tout est le consentement ! Cela est essentiel, tout est possible si mes partenaires sont d’accord et si j’en exprime l’envie. Il faut déjà me stimuler cérébralement avant de pouvoir le faire sexuellement. Je suis très sélective et ne rencontre au final que très peu. J’ai un chéri actuellement rencontré sur un site libertin. Nous échangeons beaucoup sur nos envies, nos fantasmes, nos aspirations de couple, comme tous les couples devraient faire. Nous nous autorisons à rencontrer d’autres partenaires séparément et ensemble. Je préfère d’ailleurs cette seconde option. C’est un jeu supplémentaire dans notre sexualité de couple. Un cadeau aussi que l’on fait à l’autre. Je veux que mon homme soit épanoui, heureux et cela passe par sa sexualité bien évidemment. Je ne veux en aucun cas un homme frustré à mes côtés. Ceci dit, j’ai le souhait que cela reste des parenthèses dans la construction de notre couple. Je m’explique : nous n’avons que peu de temps commun à partager. Il est hors de question que ce temps précieux soit partagé en dehors de notre couple avec d’autres partenaires, ce qui aurait pour effet de réduire encore plus le temps pour nous et cela me frustrerait.

En effet, je le répète fréquemment, le consentement est la base de toute relation, quel que soit le modèle choisi. C’est indispensable et non négociable.

Qu’est-ce qui t’a attiré au départ ?

Exhibition de Laurence - Buste avec sein apparent et fessier
Laurence

L’envie de connaître autre chose qu’une sexualité « classique », monogame. Je suis de nature curieuse et j’avoue aussi que cela m’excitait de découvrir ce milieu, de m’affranchir de certaines normes. Je pense avoir un côté provoc et exhibitionniste qui rendait les choses possibles. Et puis ne pas suivre les règles et les conventions me correspond assez aussi.

Y a-t-il des aspects qui te déplaisent parfois ?

J’ai mes propres limites, je ne vais pas vers ce qui me déplait. J’impose mes règles. J’ai besoin d’être en confiance, sentir que je ne suis pas qu’un morceau de chair, il faut du jeu, de la séduction. Je vais en club, particulièrement dans un sauna où forcément je suis que peu vêtue : si un homme se permet de me toucher ne serait-ce que la cuisse, sans mon autorisation cela me déplait fortement et il manque à la première des règles : le consentement mutuel.

Tu as raison, la séduction, le jeu permet de vraiment stimuler le cerveau et il lance bien souvent l’excitation.

T’es-tu imposée des limites ?

Imposé est un mot fort. Je les ai décidées. Il y a certaines choses que j’aime faire avec mon amoureux et que je ne fais pas avec des partenaires lambda. (sodomie, éjaculation faciale ou buccale par exemple)

En effet, certaines pratiques peuvent être réservées au partenaire, car trop intimes ou bien aussi comme des offrandes que l’on préserve pour le couple.

Si ton partenaire n’avait pas été en phase avec cette façon de vivre, comment cela se serait-il passé ?

J’ai eu un partenaire non libertin, il me voulait rien qu’à lui et j’étais d’accord avec cela. Notre relation a été trop courte pour savoir si j’aurais eu d’autre aspiration… Mon chéri actuel est libertin aussi donc la question ne se pose pas.

Comment rencontres-tu tes nouveaux partenaires et quels sont tes critères ?

2 possibilités : soit, un site dédié aux rencontres libertines soit dans un sauna libertin. Les critères sont la séduction, la bienveillance, le jeu, avoir de la conversation. Le physique est un critère plus sélectif sur un site internet, je pense que lors d’une rencontre au sauna. L’attitude est importante, les jeux de regard, la galanterie… C’est un tout.

Les impossibles sont la vulgarité, les photos en gros plan imposées.

J’ai déjà fait un article sur les dickpics par exemple, qui sont des photos reçues sans consentement.

As-tu eu de mauvaises expériences ?

homme qui s'ennuie - routine

Cela m’est arrivé 2 fois. La première fois, c’était dans l’attitude de mon ex-compagnon libertin. Il faisait à d’autres femmes ce qu’il refusait de me faire, le cunni par exemple. C’était pour lui une façon de me frustrer et donc certainement un stratège pour me donner envie de libertiner avec d’autres hommes. Le libertinage est le plaisir du plaisir de l’autre, et non une frustration. Avec l’expérience et du recul, je sais que je refuserai ce comportement maintenant.

La 2e fois, nous jouions à 4 (HFHF) dans un sauna. Un couple est venu s’installer sur notre aire de jeux. Pourquoi pas ? Mais l’homme s’est permis de me caresser ma partie la plus intime sans mon consentement. Cela est inacceptable : le consentement est un des fondements du libertinage.

On en revient toujours aux fondamentaux, ne jamais se forcer et toujours obtenir le consentement, sinon, c’est qu’il y a un problème.

Fréquentes-tu des clubs libertins ?

Oui, cela m’est arrivé. Je suis plus adepte du sauna. Je profite ainsi des installations telles que jacuzzi, sauna, hammam, bains de soleil l’été et puis le dialogue se fait facilement. On décide si l’on veut aller plus loin ou pas. Les choses se font sans pression ni calcul.

Invites-tu des partenaires échangistes à la maison ?

Oui également. Je les ai toujours déjà rencontrés préalablement autour d’un verre ou une soirée blanche (soirée non sexuée donc).

Dans l’intimité, comment te définirais-tu ?

Je pense être quelqu’un de respectueux, dans le partage. J’ai un côté coquin que je peux exprimer. Je suis très sensuelle et aime donner du plaisir à mon partenaire.

Si aujourd’hui, tu pouvais parler à l’adolescente que tu étais, quel conseil lui donnerais-tu ?

MDR : laisse-toi pousser les cheveux et porte des lentilles ça va te changer la vie !!!

Et sinon : suis tes envies, ne sois pas ce que l’on attend de toi, sois authentique et alignée avec tes envies. Tu as le droit de changer d’avis, ce qui est vrai aujourd’hui, peut être différent demain. Rien n’est figé et tout est changement. Pense aussi à ton plaisir.

Je sais, j’ai triché, j’ai donné plus qu’un seul conseil, mais il y avait à dire !

Dommage que la machine à remonter le temps n’existe pas.

As-tu d’autres pratiques que le libertinage (exhibitionnisme, BDSM, etc.) ?

J’ai un côté exhibitionniste que j’assouvis au sauna libertin.

Que faut-il faire lorsqu’on se rend compte que finalement le « casting » n’est pas bon ?

Il faut dire simplement les choses. J’apprends encore. Cette semaine avec mon Chéri nous avons été invités pour une soirée (apéro + jacuzzi) chez un couple libertin. La femme était charmante, lui un égo démesuré, qui ne parlait que de lui sans s’intéresser à ses hôtes. J’ai rapidement su qu’il ne me plaisait pas. Pour autant, nous nous sommes sentis obligés de rester un moment. J’ai eu l’occasion d’échanger avec sa compagne en tête à tête et lui ai dit que son homme n’était pas à mes gouts. Puis nous sommes rentrés.

Il est donc plus simple de se rencontrer une première fois en extérieur autour d’un verre. SI le feeling passe, on peut décider d’une future rencontre chez les uns ou chez les autres. Si nous ne nous plaisons pas à 4 et bien on se le dit. Ce sont toujours les femmes qui mènent la danse, je pense, elles sont souvent plus sélectives aussi, je crois.

Sur les sites après quelques messages, nous ouvrons nos albums privés où des photos de nos visages et de nous sont alors visibles par nos correspondants. SI nous ne nous plaisons pas, nous disons juste que nous ne sommes pas séduits, et souhaitons de belles rencontres. C’est plus simple à faire.

Je crois que ces conseils pourront être très utiles.

Envisages-tu d’aller plus loin ?

Aller plus loin ? Découvrir d’autres pratiques, certainement. Je suis curieuse du shibari. Cet art du cordage m’attire particulièrement. J’aimerais découvrir aussi les soirées multicouples. Participer ne veut pas forcément dire sexuer pour autant.

Je ne suis pas attirée par le BDSM ni le candaulisme. Voir mon chéri avec une autre en ne participant pas ne me plairait pas.

Si tu veux en savoir plus sur l’art des cordes, je t’invite à relire cet article à ce propos.

Te sens-tu plutôt sensuelle ou plutôt bestiale ?

Droit au but - visage de femme etendu sur un buste de femme nue. Le téton droit a un percing

Ne peut-on être les deux ? Bien sûr que si ! Je suis sensuelle ET bestiale. Épicurienne : j’aime la vie et ses différents plaisirs.

Tu as bien raison, on n’a qu’une vie.

Quelle est ta position fétiche ?

 Le missionnaire !! Je peux voir, toucher et embrasser mon partenaire. J’aime sentir son poids sur moi et pouvoir attraper son cul à pleine main.

Il est vrai qu’elle permet à la femme une belle prise en main.

Quelle est celle qui te donne le moins de satisfaction ?

Je ne sais pas répondre à cette question. En fait, quelquefois je ne vais pas aimer le moment vécu et vais vouloir changer de position, une fois autre, la même position va m’apporter beaucoup de plaisir. Rien n’est jamais définitif ! (autre conseil à l’adolescente que j’étais)

Que préfères-tu dans la sexualité ?

Le partage, l’éveil des sens, cette intimité partagée pour du plaisir à donner et à recevoir.

Qu’est-ce qui te fait grimper au rideau à tout coup ?

Un cunni avec des caresses sur mon point G !!!

C’est une pratique fortement plébiscitée par la grande majorité des femmes. Il n’y a pas de grand risque à s’y adonner (attention tout de même à certaines IST) sauf peut-être pour lui offrir un plaisir intense et souvent extatique.

Pour te satisfaire, combien te faut-il de relations sexuelles par semaine ?

Tout dépend si j’ai un partenaire dans la tête et le cœur. Ma libido n’est jamais tant en ébullition que lorsque j’ai un Chéri. Et puis ce n’est pas une question de besoin (en réponse au verbe « falloir »), mais bien une question d’envie. Si mon homme est avec moi, on peut faire trois fois l’amour dans la nuit, et puis je m’amuse aussi en solo par la masturbation quand il n’est pas là. Donc entre les relations sexuelles avec mon Chéri + mes jeux en solo on est à 5 fois par semaine peut être.
Pour les relations libertines, elles viennent en plus. Elles sont beaucoup moins nombreuses, car je ne rencontre que rarement. 1 à 3 fois par mois.

Je rappelle que la fréquence idéale est bien entendu celle qui te permet de te sentir pleinement satisfait(e). En couple, il faut essayer de trouver le juste milieu pour la satisfaction de chacun.

As-tu recours à la masturbation en solo ? T’est-elle nécessaire pour équilibrer ta vie sexuelle ?

Exhibition de Laurence - Elle se masturbe en exposant ses deux seins
Laurence

Tu l’as compris la réponse est « oui ». Et oui, elle est nécessaire à ma vie sexuelle. J’aime ces moments avec moi-même pour moi-même. J’aime aussi les partager à distance avec mon partenaire ou avec un libertin.

Même si les femmes en parlent plus facilement aujourd’hui, cela reste malheureusement trop souvent un tabou.

Arrives-tu à avoir plusieurs orgasmes à la suite ?

Oui, cela m’arrive. Mais ce n’est pas le but final d’une relation sexuelle pour moi. Le partage, le plaisir ressenti pour arriver à l’orgasme sont tout aussi importants.

Est-ce que tes voisins se sont déjà plaints de tes ébats trop bruyants ?

Non pas encore, mais j’ai surement la chance d’avoir des voisins discrets ou des murs avec une isolation sonore forte.

Te vois-tu encore libertine à 70 ans ?

J’espère que j’aurais toujours une sexualité épanouie à 70 ans libertine ou pas ! Ce n’est pas réservé à une tranche d’âge.

Il y a quelques fois des couples âgés au sauna où je me rends. Et en fait, ces personnes ont connu la libération sexuelle des années 70 ! Très certainement que grâce à elles, cela me permet aujourd’hui de vivre ce que j’ai à vivre sans la lourdeur des préjugés et des conventions.

Et puis ne dit-on pas que « dans chaque vieux, il y a un jeune qui se demande ce qui s’est passé » ?

As-tu quelque chose à ajouter ?

Le libertinage peut faire peur, car il est souvent exposé de façon impudique, voire dégradante pour le grand public. C’est une façon de vivre sa sexualité différemment avec pour seules prérogatives le consentement et le plaisir partagé. Rien n’est jamais imposé, mais tout est possible si les partenaires sont d’accord.

J’ai un côté jaloux que j’essaie de dresser par le libertinage. Je manque certainement de confiance en moi et je ne supporte pas le mensonge. Le fait d’autoriser mon partenaire à des moments d’intimité avec d’autres femmes m’enlève cette contrariété. Puisque nous sommes d’accord sur le principe, pourquoi me mentirait-il ? Pourquoi me cacherait-il des choses ? Avoir une relation amoureuse tout en étant chacun de nous libertins, nous permet d’être nous même, d’être honnête avec nous même et envers l’autre.

Le libertinage n’est en rien une obligation ! Si ton.ta partenaire à ce désir, mais pas toi, il ne faut pas te forcer. L’important dans la vie est de suivre tes envies !


Merci Laurence, pour le temps que tu viens de m’accorder. En plus, tu as eu l’extrême gentillesse de m’autoriser à utiliser ta voix pour réaliser la vidéo et le podcast. J’espère également après avoir lu le témoignage de Laurence que tu as une idée plus précise du milieu du libertinage. Peut-être que cela t’a donné l’envie de le découvrir.

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Je te propose de m’indiquer dans les commentaires si cette pratique te tente, si elle te rebute ou bien encore si tu la pratiques déjà.

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